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L’approche Agile pour enrayer la tricherie ?

La tendance à tricher dans l’enseignement est un sujet sensible que plusieurs études ont tenté de comprendre. Elle s’expliquerait par une culture scolaire axée sur le résultat plutôt que sur l’apprentissage. Changer la façon de concevoir les apprentissages modifierait la façon d’évaluer puis la conception qu’ont les apprenants de leur apprentissage. C’est pourquoi l’approche agile pourrait enrayer la tricherie.

Qu’est-ce que tricher ?

Sans toujours en être conscients, nos apprenants copient, recopient. À l’ère du net, un copier-coller est tellement rapide et pratique qu’il est entré dans les us et coutumes. On télécharge des films, des musiques, des livres, etc. alors wiki ou encore Google trad. sont devenus pour eux des outils de travail.

Quelles sont les formes de tricherie détectées lors de ces études?

-copier des phrases sans citer la source (quelle source ? Google n’est pas la source par défaut ?)

-donner une réponse à d’autres étudiants (n’est-ce pas aider son prochain ?)

-Obtenir les questions et/ou réponses d’un examen (c’est pour mieux cibler l’essentiel)

-les antisèches (la mémoire me fait un peu défaut ces derniers temps)

-calculatrices (c’est pour le cas où, la mémorisation s’est faite lors de la saisie)

-téléphone portable et Internet (j’appelle mon joker )

L’approche Agile pourrait enrayer la tricherie

Pourquoi tricher ?

Parfois les apprenants ont recours à ce genre de stratégie dans les matières qu’ils ne valorisent pas. Par exemple, une matière au coefficient 1 aura beaucoup moins d’importance aux yeux de notre apprenant qu’une matière au coefficient 8.

La tricherie est aussi la stratégie pour laquelle un apprenant va opter face à une charge de travail trop importante. La pression des parents, celle de la société y contribuent fortement et les nouvelles technologies la facilitent. Par ailleurs, le fait qu’elle ne soit pas sérieusement sanctionnée l’amplifie, ce qui pourrait désavantager les apprenants honnêtes.

La tricherie permettrait donc à notre apprenant de gagner du temps et ainsi pouvoir le répartir entre les études, les loisirs, les activités culturelles et les activités domestiques.

Perte de sens et des finalités

Cette perte de sens et des finalités, dans cette culture scolaire tournée plus sur le résultat que sur l’apprentissage, conduit notre apprenant à tricher. Je pense que l’approche Agile, qui se centre sur l’amélioration continue, pourrait être une réponse à ces dérives et enrayer la tricherie.

Aujourd’hui nos apprenants sont évalués sur la mémorisation de contenus, ce qui est un avantage pour ceux qui mémorisent facilement. Par contre cette mémorisation diffère d’un apprentissage sur le long terme. L’acquisition d’un savoir ou d’un savoir-faire repose sur l’expérience, à savoir la collaboration, la discussion ainsi que le transfert. C’est exactement ce que propose l’approche Agile.

Des solutions pour enrayer la tricherie ?

Autonomie

Afin de donner du sens à son apprentissage, l’apprenant doit se trouver dans un contexte autonome et responsable de son apprentissage. Il apprend pour faire l’acquisition de nouvelles compétences dans un environnement collaboratif et non de compétition. Ses camarades deviennent des équipiers plutôt que des concurrents.

Évaluations

Je pense qu’il faut aussi repenser l’évaluation et se tourner vers l’auto-évaluation ou la co-évaluation comme la rétrospective, le feedback constructif. L’apprenant doit tout autant apprendre à réfléchir sur ses processus mentaux afin de mieux se connaître en termes d’apprentissage et s’améliorer. Quoi de mieux que les questions ouvertes pour leur permettre d’accéder à cette connaissance de soi?

Dans cette approche Agile, l’évaluation porte sur des projets, des travaux écrits personnels ou encore des entrevues durant lesquelles l’apprenant doit verbaliser ses apprentissages seul ou en équipe. Il est capable de mettre en avant ce qui est acquis et de percevoir ce qui est à améliorer. Ainsi l’évaluation jadis sanction devient constructive et encourageante

Depuis que j’enseigne dans un cadre de travail agile, mon approche de l’évaluation a changé. Je mets en avant un travail amélioré au fur et à mesure du projet. J’accorde également plus de crédit à un travail dans lequel il y aura des maladresses, des améliorations à apporter qu’à ce qui ressemble étrangement à un copier-coller de ce qui est sur Internet. Ils commencent à comprendre que je ne recherche pas la perfection dans leur production mais les améliorations de ce qu’ils produisent par eux-mêmes.

L’approche Agile pourrait enrayer la tricherie

Engagement et motivation

Le travail doit aussi se faire au niveau de l’engagement pour que l’apprentissage soit durable. La motivation doit être intrinsèque c’est-à-dire que l’apprenant doit connaître ses objectifs profonds qui ne dépendent que de lui.

En sondant mes étudiants, lorsque je parle de motivation, il en ressort bien évidemment l’objectif de décrocher son diplôme mais aussi ce besoin d’évoluer, d’apporter de soi aux autres, d’avoir de bonnes relations avec ses camarades et être indépendants dans le travail à effectuer tout en étant guidés. Selon eux, ce qui est valable en entreprise, l’est dans le monde de l’enseignement et s’il n’y a pas de salaire à la clé, toute autre forme de reconnaissance est appréciée. Elle passerait entre autres par les encouragements.

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