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« Le culte du cargo» ou la méthode agile détournée

L’agilité de paille

Tout commence par le partage d’un article sur l’agilité par un collègue. L’intitulé de l’article m’interpelle « La méthode agile, tant vantée en management, est la risée des jeunes sur Facebook ».

Intriguée, je vais voir ce dont il s’agit. Une communauté de jeunes qui s’est développée sur Facebook tourne en dérision la « flexibilité » en entreprise, dénonçant les abus sous-jacents. Au nom de l’agilité certaines entreprises auraient la main lourde sur la transformation permanente, les horaires de travail abusifs, le déni du droit social, la précarité etc.

Il y a là un bel amalgame bien connu des agilistes sous le nom de « culte du cargo agile » dont malheureusement souffrent beaucoup d’entreprises influencées par la « mode » agile ! Nous utilisons des post-its, alors nous sommes Agile, nous faisons des Daily Stand-up Meeting alors nous sommes Agile, nous utilisons un tableau de suivi ( Kanban ), alors nous sommes Agile.

STOP ! Tout dépend de l’utilisateur, de sa compréhension de l’agilité, ses valeurs ainsi que de la mise en pratique qu’il en fait.

Qu’est-ce que le « culte du cargo » ?

Tout cela me ramène à l’histoire pleine d’enseignements du « cargo cult ».

Pendant la deuxième guerre mondiale, l’armée américaine installe une base militaire en Mélanésie. Les indigènes découvrent brusquement cette nouvelle civilisation arrivée par bateau et avion. Ces derniers regorgent de nourriture et d’objets technologiquement avancés que les américains partagent avec les locaux.

le culte du cargo agile américain débarquent
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Les indigènes observent l’arrivée de ces produits sur leurs îles sans connaitre la logistique qui se cache entre la demande de matériel dans une radio et l’atterrissage d’un avion avec ledit matériel. Ils ont ainsi imaginé que ces marchandises provenaient des dieux. Après la guerre, les occidentaux partis, les indigènes ont reproduit leurs artefacts et imité leurs rituels dans l’espoir de faire revenir ces «dieux » et leurs marchandises magiques. Ils ont ainsi élaboré un culte voué aux artéfacts comme les avions-cargo, d’où le terme de « cargo cult ». Les habitants des îles ont construit des antennes, des avions de paille et des radios en bois, dans lesquelles ils demandaient chaque jour des marchandises. Allant jusqu’à tracer des pistes, allumer des feux le long de ces pistes.

Cargo cults | tellmeboutblog

Imiter sans comprendre l’agilité

Le « culte du cargo » est donc le fait d’imiter des comportements, sans comprendre le fonctionnement, en espérant obtenir les mêmes résultats. Les artefacts agiles sans la compréhension de la culture Agile, de ses valeurs et de ses principes sont contre-productifs. Il ne suffit pas d’utiliser des post-its, un cadre de travail agile ainsi que changer l’intitulé des postes, pour obtenir le résultat de ces entreprises qui ont réussi grâce à l’agilité. Ce serait à l’instar des indigènes des îles comme construire un avion de paille.

le culte du cargo agile amélioration

La culture agile demande une transformation non seulement sur les méthodes de travail mais en premier lieu sur l’application des valeurs et les principes humanistes sous-jacents.

Rappelons que la première valeur du Manifeste Agile résume l’état d’esprit qu’il faut s’efforcer à mettre en oeuvre, à savoir : « les interactions et les individus plus que les outils et les processus », cela demande un réel engagement de la part de l’entreprise et de ses leaders vers une gouvernance plus autonome et humaine. On pourra également relever le huitième principe de ce même manifeste : « Les processus Agiles encouragent un rythme de travail soutenable ». C’est pourquoi dans SCRUM, le cadre de travail agile le plus répandu en entreprise, un journée de production est estimée à 6h sur les 8h de travail d’un développeur. Nous sommes donc bien loin des horaires de travail abusifs et autres critiques exprimées dans l’article du Monde.

C’est également la raison pour laquelle notre formation EDUCAGILE commence sa première session de formation par les acquis de l’état d’esprit agile, les softskills et l’intelligence émotionnelle nécessaires à une mise en place réussie de l’agilité dans un contexte de travail.

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