Synopsis:
Nous partageons avec vous notre première expérimentation de pédagogie orientée méthode Agile en anglais auprès d’une classe de première GA pro en alternance.
Tout commence par une rencontre :
En avril 2017 un coach agile enthousiaste et une formatrice curieuse se retrouvent régulièrement dans le cadre d’échange de compétences linguistiques et photographiques.
Le coach :
« À cette période, je mettais en place SCRUM au sein d’une équipe de six développeurs. J’ai trouvé chez Laetitia une oreille réceptive et curieuse des concepts et de la mise en pratique de l’agilité. »
La prof :
« Depuis quelques années je m’étais éloignée de la méthode classique
d’enseignement en intégrant des ateliers de groupes, jeux de rôle, théâtre etc. afin
d’amener l’apprenant acteur de son apprentissage. En discutant avec Guy des notions
d’autonomie, d’esprit d’équipe, de collaboration, de communication et de transparence, l’agilité a éveillé ma curiosité ainsi que l’idée d’une adaptation du framework SCRUM comme approche pédagogique dans le cadre de mon activité de formatrice d’anglais.»
Nos objectifs :
Nous voulions voir des élèves plus impliqués, qui prennent du plaisir à apprendre ensemble dans des valeurs de partage, bienveillance, confiance et qu’ils puissent voir les erreurs
comme des opportunités de progresser et d’apprendre.
Nos contraintes :
- Le respect du référentiel de l’éducation nationale : Maîtrise d’outils linguistiques pour atteindre un niveau fixé par le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues, savoir- être, savoir-faire, connaissance du monde anglophone et surtout préparer à l’épreuve orale de BAC.
- La préparation de la salle de classe qui devra être réaménagée puis remise en place après chaque fin de session. La forme des tables rectangulaires de 50x200cm.
- Une évaluation individuelle alors que le travail repose sur du collectif.
- La scénarisation des cours et les stories à créer: des livrables attendus, du matériel pédagogique à mettre à disposition.
- Les notions et valeurs du travail d’équipe à expliquer à des élèves habitués au travail individuel et sans arrêt dans la compétition.
- Le niveau d’anglais B2 (utilisateur indépendant) alors que beaucoup ont à peine atteint A2 (utilisateur usuel).
- La gestion du temps : mise en place, durée des itérations, durée des stories, Review à chaque fin de story, rétrospectives par équipe, rangement de la salle.
- Hétérogénéité dans la maturité des élèves
- Le règlement intérieur : interdiction d’utiliser les téléphones portable, de prendre des pauses sur une session de deux heures.
La scénarisation :
Afin de les préparer au mieux au monde de l’entreprise, nous avons imaginé que chaque équipe devrait créer et gérer une start-up (que vous retrouverez dans les prochains articles) :
- Équipementier sportif
- Magazine de mode et de beauté
- Société de jeux vidéo
- Groupe agroalimentaire
- Médias Web TV
Mais avant toute chose il nous fallait les préparer et les initier à l’approche agile ; au travail d’équipe, aux valeurs qu’ils allaient partager ainsi qu’au concept de KAIZEN.
La première séance : Be team player !
Pas d’agilité sans mindset…
La première heure fut dédiée à l’approche agile.
Le coach :
« Ma préoccupation première a été de transmettre les valeurs de l’agilité. Je ne
pouvais pas aborder ce sujet de manière théorique car je risquais de perdre leur attention.
Je les ai donc challengés sur une série de questions :
– « pour vous quelle est la différence entre un groupe de personnes qui travaillent
ensemble et une équipe ? »
– «si vous deviez accueillir un nouveau membre dans votre équipe quels sont les
valeurs et comportements que vous attendriez de lui/ elle ? »
Etc.
Nous avons échangé autour des valeurs qui permettent de faire corps, et animé une
réflexion sur la bienveillance, la confiance, le partage, l’entraide etc.
Le mindset se posait… »
La prof :
« Nos objectifs devaient être clairement énoncés : l’équipe et l’anglais. Par
conséquent nous avons discuté de l’importance d’apprendre cette langue tant d’un point de vue personnel que professionnel. Par ailleurs, il était tout aussi nécessaire de les amener à comprendre que l’erreur faisait partie intégrante de leur apprentissage, qu’ils ne pouvaient apprendre qu’en faisant et que kaizen était la philosophie à suivre, À savoir l’amélioration continue. »
Deuxième partie de la séance : Don’t eat the Marshmallow !
Learning by doing…
Une élève : Madame, le but est de parler anglais avec un maximum de marshmallows dans la bouche ? :o)
La prof : Heu, non, pas vraiment. 😐
DESCRIPTIF DU MARSHMALLOW CHALLENGE :
La prof : Première règle, Marshmallow mangé, équipe disqualifiée !
Oups, too late… le premier marshmallow a fini dans l’estomac d’un élève.[Best_Wordpress_Gallery id=”12″ gal_title=”Classe 1ere premiere session”]
A l’issue de cet atelier nous avons fait une rétrospective pour leur permettre d’exprimer les difficultés de s’auto-organiser et réussir ensemble.
Feed-back du coach :
«Lors de cette première session, j’ai eu l’impression de conduire une formule 1 sur une route de campagne.
Contrairement au monde de l’entreprise la résistance au changement est nulle. Les valeurs d’équipe sont majoritairement vite intégrées. Cependant, à cet âge leurs égos en pleine construction sont sensibles, les leaders peuvent vite devenir écrasants et les suiveurs trop timorés. Leur pouvoir de concentration très court pour certains et leurs filtres mentaux peu développés se traduisent par une créativité débordante mais aussi par l’expression brutale de leurs émotions face au découragement et la difficulté. En revanche, ce qui m’a enthousiasmé c’est leurs sensibilités aux encouragements, questionnements de coaching et le leurs feedbacks immédiats qui donne une dynamique que je rencontre rarement dans le monde de l’entreprise où la prise de risque est plus mesurée.»
Feed-back de la prof :
«D’une part cet atelier ludique m’a permis de voir que les élèves étaient majoritairement capables de s’impliquer et d’avancer ensemble, même si toutefois nous avons dû gérer des comportements immatures. À ma grande surprise j’ai vu cette volonté d’atteindre un but commun. D’autre part il m’a permis d’appréhender une section que je voyais pour la première fois. J’ai pu rapidement découvrir les moins autonomes, les plus réservés, les stratégiques, les persévérants etc. Qui plus est, en tant qu’intervenante, j’ai saisi la nécessité
d’être moins dans le contrôle et davantage dans la confiance. Dans cette aventure nous sommes tous des apprenants ! »