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Comment bien apprendre avec les neurosciences, pilier 2

Go, go, go ! Soyez actifs! Des pompes et que tout le monde bouge ! Cela m’évoque un de mes anciens élèves qui ne tenait pas en place. Je n’en revenais pas, mais Alexis faisait bien des pompes pendant le cours d’anglais. Pour être actif, il l’était ! Pourtant il ne devait pas sa progression en anglais à ses multiples activités physiques en classe mais plutôt à son implication dans les activités pédagogiques proposées. A dire vrai, selon les neurosciences, le cerveau a besoin d’un apport en oxygène pour être efficace en situation d’apprentissage. Lorsqu’ Alexis fait des pompes, et que je demande à mes élèves de se lever, se déplacer, coller des post-its au tableau, le cerveau s’oxygène. Cependant, lorsqu’ Alexis bouge physiquement cela ne signifie pas pour autant qu’il est activement engagé.

« L’exploration active du monde est essentielle au bon développement de la vision. » Held & Hein

Qu’entendent les neurosciences cognitives par ‘engagement actif’ ?

Pour reprendre le pilier numéro 2 de S. Dehaene, pour que l’apprentissage d’Alexis soit efficace, il doit s’engager, explorer et générer activement des hypothèses. En somme, il refuse la passivité. Son cerveau doit d’abord se former un modèle mental hypothétique du monde extérieur et ensuite le projeter sur son environnement, le mettre à l’épreuve en comparant ses hypothèses avec la réalité sensorielle. Et tout cela implique une posture active, engagée, attentive. Ce n’est pas le corps qui se doit de bouger, c’est plutôt la pensée qui se met en mouvement.

Ce qui permet l’engagement actif

Pour mieux assimiler ce qui est à apprendre, la posture d’Alexis, comme celle de tout apprenant, est la suivante :

  • Il reformule les faits en mots ou en pensées qui font sens pour lui.
  • Il fait attention, réfléchit, anticipe, avance des hypothèses, expérimente, se trompe, se corrige.
  • Il fait l’effort de comprendre par lui-même.

L’enseignant quant à lui plante un environnement d’apprentissage qui le rendra actif en :

  • Piquant sa curiosité pour lui donner l’envie d’apprendre, la soif de savoir. Quand l’attention des élèves est mobilisée et que leur esprit est déjà en recherche d’explication, il ne reste plus qu’à les guider. Cette curiosité se déclenchera chaque fois que le cerveau de notre apprenant détecte un décalage entre ce qu’il connaît déjà et ce qu’il pourrait savoir. La curiosité d’Alexis s’oriente donc vers ce qu’il lui paraît utile d’apprendre, tandis qu’elle se détourne de ce qu’il sait déjà.
  • Lui donnant une idée claire du but à atteindre, et s’assurer qu’il adhère pleinement à cet objectif. Dans le cadre de mon approche agile, je commence par établir un contrat avec mes élèves avant de les lancer dans le projet. Et ceci pour chaque projet lancé.
  • Fournissant un environnement d’apprentissage progressif, structuré, explicite, conçu pour le guider le plus vite possible vers les sommets.

Approfondir pour mieux apprendre

Seul le travail en profondeur va amener Alexis à mémoriser les informations traitées de manière explicite et détaillée. S’il fait aussi l’effort de comprendre par lui-même sans que je lui donne la solution, alors il y aura une meilleure rétention des informations. Cela ne veut toutefois pas dire que je ne donne pas de solution. Je leur alloue juste le temps nécessaire à cette réflexion.

D’après le psychologue américain Henry Roediger ‘rendre les conditions d’apprentissage plus difficiles, ce qui oblige les étudiants à un surcroît d’engagement et d’effort cognitif, conduit souvent à une meilleure rétention. » Je tiens à rappeler que cette difficulté est cependant ajustée au niveau de l’apprenant, sans quoi l’attention du pilier numéro 1 risque de s’éteindre.

Selon les neuroscientifiques, ce travail en profondeur permet une activité dans le cortex frontal, l’hippocampe et les régions voisines du cortex parahippocampique qui ensemble vont permettre de laisser des traces dans la mémoire.

Pour conclure

L’engagement actif permet une mémorisation de l’information. Pour maximiser cette rétention, sont essentiels l’attention, l’effort, la profondeur de réflexion. Mais aussi la concentration, la prise de conscience.

Attention ! L’idée que l’apprenant doit être attentif, actif, engagé, acteur de son propre apprentissage ne signifie pas pour autant le laisser construire son propre savoir par lui-même. En effet, des études ont montré qu’un apprenant éprouve de grandes difficultés à découvrir les règles qui gouvernent un domaine. Ils apprennent moins bien, voire pas du tout. Le professeur est là pour lui donner les moyens d’accéder aux concepts profonds de sa discipline en lui permettant de réfléchir, d’explorer, d’expérimenter. Il fait également un retour sur information et donne du contenu structuré. La formule idéale serait un étudiant actif étroitement guidé par l’enseignant.

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